Membres associés canadiens à l'assemblée générale de
l'Association médicale mondiale
14 October, 2018
Reproduced with permission
Sheila Rutledge Harding*
Reykjavik, Islande, du 3 au 6 octobre 2018
Un certain nombre de médecins canadiens, préoccupés par la situation
actuelle, sont devenus membres associés (**voir ci-dessous) de l'Association
médicale mondiale (AMM) et ont assisté à l'Assemblée générale (AG) de l'AMM
à Reykjavik, en Islande, en octobre 2018. Ce rapport informel résume
certaines activités et expériences du groupe.
1. Nous avions décidé d'assister à l'Assemblée
générale parce que nous souhaitions contribuer à la discussion d'un projet
de résolution intitulé Proposition de révision par l'AMM de la déclaration
sur l'euthanasie et l'aide médicale à mourir, qui devait être présentée au
comité d'éthique de l'AMM par l'Association médicale canadienne (AMC) et la
Royal Dutch Medical Association (KNMG). La révision était proposée en guise
de remplacement de la Résolution de l'AMM sur l'euthanasie (2002),
la
Déclaration de l'AMM sur l'euthanasie (1987) et la Déclaration de l'AMM sur
le suicide assisté par un médecin (1992, confirmée en 2015). La révision
proposée visait à empêcher l'AMM de condamner l'euthanasie et le suicide
assisté par un médecin (E/SA) pour la raison qu'ils sont contraires à
l'éthique. La révision évitait d'employer l'expression suicide assisté par
un médecin et utilisait plutôt les expressions mort assistée par un médecin
ou mort assistée. Nous estimions que cette politique faciliterait la
légalisation de l'E/SA dans le monde et l'implication des médecins dans ces
interventions. Nous voulions que l'AMM maintienne son opposition à l'E/SA et
voulions aussi encourager une approche affirmant la vie.
2. Des délégués de plus de 50 associations médicales
nationales du monde entierétaient présents à cette Assemblée générale.
Plusieurs participants, parmi les plus expérimentés, nous ont fourni de bons
conseils concernant les procédures de l'AMM et la manière pour nous de
participer véritablement aux débats. D'autres nous ont demandé des
éclaircissements sur un article paru dans le
World Medical Journal de
septembre 2018, intitulé Euthanasia in Canada: a Cautionary Tale
(L'euthanasie au Canada: une mise en garde), que certains d'entre nous
avaient rédigé conjointement (des traductions en français et espagnol sont
disponibles à l'adresse bit.ly/WMACanada). Nous l'avions écrit pour
contrebalancer la vision optimiste de l'introduction de l'euthanasie et du
suicide assisté au Canada que les représentants actuels de l'Association
médicale canadienne (AMC) répandent de façon générale. Bien que le
porte-parole de l'AMC à Reykjavik ait affirmé que notre article déformait
les faits, de nombreux participants ont reconnu que les nombreuses
références fournies leur permettraient d'avoir accès à des sources primaires
et de tirer leurs propres conclusions sur notre analyse de la situation
canadienne.
3. Lors de la réunion des membres
associés, une résolution a été proposée visant à renforcer la cohérence
entre les politiques de l'AMM et celles de ses associations médicales
nationales. Notre groupe a fait valoir que deux paragraphes de cette
politique affaibliraient le rôle de l'AMM en tant que promoteur des plus
hautes normes possibles de comportement éthique médical, dans la mesure où
l'AMM devrait « s'adapter » aux politiques des associations nationales
incompatibles avec les politiques de l'AMM. Notre motion visant à supprimer
les paragraphes problématiques a été adoptée.
4.
Lors de cette assemblée générale, des représentants des associations
médicales allemande, nigérienne, japonaise et brésilienne ont présenté des
rapports de synthèse sur les récentes réunions régionales de l'AMM, tous
opposés à la participation de médecins à l'E/SA. Ces consultations sur
l'E/SA menées par l'AMM ont clairement mis en évidence la ferme opposition
persistante de la plupart des pays membres à ces interventions. C'est
peut-être pour cette raison que la proposition AMC / KNMG a été retirée
avec
un court préavis avant la réunion du Comité d'éthique à Reykjavik. Elle a
été remplacée par un document de compromis, présenté par l'Association
médicale allemande, affirmant l'opposition de l'AMM à l'E/SA mais évitant
complètement l'emploi de l'expression « contraire à l'éthique » et
remplaçant l'expression « suicide assisté par un médecin » par « mort
assistée par un médecin ». Pendant le reste de la réunion, on vit clairement
que de nombreux membres de l'AMM s'inquiètent sérieusement de ces
changements potentiels. Certains ont réitéré que l'AMM avait été fondée, en
grande partie, pour réfuter l'idée selon laquelle légaliser un acte en fait
un acte éthique. Le document de compromis qui a été proposé sera étudié dans
les mois qui viennent par tous les délégués et leurs avis écrits seront
examinés lors de la réunion de l'AMM au Chili en avril 2019.
5.
Vers la fin de l'Assemblée générale, à la surprise de tout le monde, la
délégation de l'AMC a accusé le nouveau président de l'AMM, le Dr Leonid
Eidelman, de plagiat dans son discours d'inauguration et a proposé que l'AMM
demande sa démission. Cette proposition a échoué, n'ayant été appuyée par
aucun autre délégué. Par la suite, l'AMC a annoncé qu'elle se retirait de
l'AMM. Le Dr Eidelman s'est expliqué et excusé auprès du Conseil et de
l'Assemblée générale de l'AMM et ses excuses ont été acceptées.
*Sheila Rutledge Harding, MD, MA, FRCPC
Crossmount, Saskatchewan
smr.harding@gmail.com
14 octobre 2018
** Tout médecin ou étudiant
en médecine peut devenir membre associé, sur demande adressée à l'AMM:
https://www.wma.net/fr/inscription/. Les membres associés sont informés des
documents en train d'être examinés, ont la possibilité de faire des
commentaires et peuvent assister aux réunions de l'AMM pour exprimer leurs
opinions.