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Caution: machine assisted translation
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The dignity of the human person, even persons with dementia
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26 février, 2015
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26 February, 2015
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Le vieillissement croissant de la population
constitue un défi majeur pour notre société. Il va
de pair avec une augmentation des cas de démence. La
société investit, de longue date et largement, en
faveur des personnes âgées, voire très âgées, des
personnes souffrant d'un handicap mental profond ou
gravement perturbées, des patients comateux et des
malades en phase terminale. Nous voudrions avant
tout exprimer notre reconnaissance vis-à-vis de tous
ceux et celles qui sont engagés dans
l'accompagnement de ces personnes fragiles. Ce n'est
pas économiquement rentable, mais nous estimons –
toutes obédiences confondues – qu'il doit en être
ainsi. Cette conviction répond à un choix purement
éthique. Mais nous craignons que ce choix soit mis à
rude épreuve en raison du « climat d'euthanasie »
dans lequel nous baignons depuis 2002 et face au
risque d'appliquer légalement l'euthanasie aux
personnes démentes. Parce que les personnes
concernées sont justement celles qui peuvent le
moins faire entendre leur voix, nous jugeons, en
tant qu'évêques, que c'est un impérieux devoir pour
nous de faire entendre la nôtre en leur faveur.
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The increasing aging of the population is a major challenge for our
society.
It
goes hand in hand with an increase in cases of dementia.
Society has a long-standing and extensive investment in the care of
older and very elderly people with severe or severely disabling mental
disorders, comatose patients and terminally ill patients.
Above all, we would like to express our gratitude to all those who are
involved in the accompaniment of these fragile persons.
It is not economically profitable, but we consider - all
things considered - that this should be so.
This
conviction corresponds to a purely ethical choice.
But we fear that this choice will be severely strained because of
the "climate of euthanasia" in which we have been bathing since 2002 and
the risk of legally applying euthanasia to persons with dementia.
Because the persons concerned are precisely those who can least make
their voices heard, we judge, as bishops, that it is an imperative duty
for us to make our voice heard in their favor. |
En tout premier lieu, un être humain, même
atteint de démence, demeure une personne à part
entière jusqu'à sa mort naturelle. La dignité
humaine ne peut dépendre de ce qu'on possède ou non
certaines capacités. Elle est liée de manière
inaliénable au simple fait d'appartenir à l'espèce
humaine. Toute personne, même en état de démence,
mérite donc le respect et doit recevoir en
conséquence les soins appropriés.
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In the first
place, a human being, even with dementia, remains a full person until
his natural death.Human dignity cannot depend on whether
one possesses certain abilities or not. It is inalienably
linked to the mere fact of belonging to the human species.
Everyone, even in a state of dementia, deserves respect and must
therefore receive appropriate care. |
L'autonomie est très importante dans notre
société. Mais nous nous demandons si certaines
manières de la mettre en oeuvre ne sont pas marquées
par un individualisme excessif. « Moi, et moi seul,
décide de ce que je fais de ma vie et les autres
n'ont pas à s'en mêler » semble être devenu le
slogan du jour. Cela va si loin qu'un acte devrait
être considéré comme bon du seul fait qu'il est le
fruit d'un choix autonome. Une telle conception de
l'autonomie en vient à considérer chacun comme un
îlot sans lien avec autrui. Mais les individus ne
sont pas des îles. Chaque être humain vit dans un
environnement social, culturel, historique et
relationnel. C'est pourquoi une autonomie en «
relation » ou en « communion » rend beaucoup mieux
compte de notre vraie identité et du fonctionnement
effectif de notre liberté. De la naissance à la
mort, nous dépendons les uns des autres. La
tradition chrétienne exprime cela en considérant les
êtres humains1 comme des frères et soeurs, reliés au
même Père. Mais il n'est pas nécessaire d'être
chrétien pour comprendre combien nous avons besoin
les uns des autres.
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Autonomy is very important in our society.
But we wonder whether certain ways of implementing it are not marked by
excessive individualism.
"Me, and I alone, decides what I do with my life and the others do not
have to get involved" seems to have become the slogan of the day.
This goes so far that an act should be considered good simply because it
is the product of an autonomous choice.
Such a conception of autonomy comes to regard each one as an island
unconnected with the other.
But individuals
are not islands.
Every human being lives in a social, cultural, historical and relational
environment.
This is why an autonomy in "relation" or in "communion" makes much
better account of our true identity and the effective functioning of our
freedom.
From birth to death, we depend on each other.
The Christian tradition expresses this by considering human beings1 as
brothers and sisters, connected to the same Father.
But it is not necessary to be a Christian to understand how much we need
each other. |
En plus du critère de l'autonomie, la notion de
qualité de vie joue également un rôle important dans
pas mal de décisions. Le problème de ce second
critère est la difficulté d'en donner une définition
objective, si bien que les éléments subjectifs
risquent toujours d'être prépondérants. En ce qui
concerne les personnes démentes, le risque est grand
que des tiers projettent sur le patient leurs
préoccupations et angoisses personnelles. La
confrontation avec une personne démente doit d'abord
susciter, auprès de tous, la responsabilité éthique
d'en prendre soin. L'appel lancé par le prochain qui
a besoin de soins renforce le fait que nous sommes
ses frères et soeurs en humanité. Je suis le gardien
de mon frère, que je le veuille ou non. Même s'il
nous est possible d'étouffer cet appel de notre
conscience, cela n'enlève rien à notre obligation
morale de prendre soin de notre prochain.
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In addition to the
criterion of autonomy, the notion of quality of life also plays an
important role in many decisions. The problem with this
second criterion is the difficulty of giving an objective definition, so
that the subjective elements always risk being preponderant.
With regard to persons with dementia, there is a great risk that third
parties may project personal concerns and anxieties onto the patient.
The confrontation with a person with dementia must first of all arouse
the ethical responsibility to take care of them. The call
of the neighbor who needs care reinforces the fact that we are his
brothers and sisters in humanity. I am the guardian of my
brother, whether I like it or not. Even if we can stifle
this call of our conscience, it does not take away from our moral
obligation to take care of our neighbor. |
Depuis la loi de 2002 sur l'euthanasie, le
constat s'impose : la dérive prédite à l'époque est
devenue réalité. Les limites de la loi sont
systématiquement contournées, voire transgressées.
L'éventail des groupes de patients entrant en ligne
de compte pour l'euthanasie ne cesse de s'élargir.
La souffrance existentielle, comme, par exemple, la
fatigue de vivre, est ainsi placée sans hésitation
dans le champ d'application de la loi sur
l'euthanasie par des personnes ayant autorité dans
la société – sans indice de désordre psychologique
ou psychiatrique sous-jacent, ce qui d'ailleurs
n'est pas de la compétence de la médecine.
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Since the 2002 law
on euthanasia, an observation is necessary: the drift predicted at the
time has become reality. The limits of the law are
systematically bypassed or even transgressed. The range of
patient groups involved in euthanasia continues to widen.
Existential suffering, such as, for example, the fatigue of living, is
thus placed without hesitation in the scope of the law on euthanasia by
persons having authority in society - without any indication of
psychological or psychiatric disorder under- which,
moreover, is not within the competence of medicine. |
Demande est aussi faite d'un nouvel élargissement
de la loi afin de pouvoir procéder à l'euthanasie de
personnes démentes, et ce à un moment précédemment
indiqué par elles, sur base d'une déclaration de
volonté anticipée. On en viendrait ainsi, par
exemple, à une déclaration anticipée stipulant que
l'euthanasie est demandée dès lors qu'on ne
reconnaîtrait plus les membres de sa propre famille.
Alors qu'auparavant on argumentait à partir du
critère de « souffrance intolérable », on va
maintenant un cran plus loin. Lorsqu'on perd sa
capacité cognitive, on perdrait aussi son identité
individuelle. Selon cette logique, on devrait, dès
ce moment, pouvoir mettre un terme à la vie de cette
personne.
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A further
extension of the law is required in order to be able to proceed with the
euthanasia of persons with dementia, at a time previously indicated by them,
on the basis of a declaration of anticipated will. This
would be the case, for example, with an advance declaration stating that
euthanasia would be required if the members of his family were no longer
recognized. Whereas previously we argued on the criterion
of "intolerable suffering", we go now a step further. When
one loses one's cognitive capacity one would also lose one's individual
identity. According to this logic, one should be able from
this moment to put an end to the life of this person. |
Nous nous opposons résolument à cette tendance.
Une perte d'autonomie n'est pas pour nous synonyme
de perte de dignité. Pareil raisonnement – nous y
insistons – nous engage de manière encore plus
périlleuse sur la pente entamée. Le danger n'est pas
illusoire que l'on veuille réserver le concept de
personne humaine – et les droits qui y sont
afférents – à ceux qui sont capables de reconnaître
pour et par eux-mêmes la valeur de leur propre vie.
Ceux qui ne le peuvent pas, ou ne le peuvent plus,
risquent d'être éliminés ou de se voir privés des
soins nécessaires. Notre société doit continuer à
prendre en charge ses membres les plus vulnérables
en se mobilisant pour la détection et le diagnostic
précis de la démence, en assurant un soutien aux
soignants bénévoles, des ressources suffisantes pour
les soins palliatifs aux malades lors des stades
ultimes de la démence et des moyens adéquats pour
les maisons de repos et de soins. Malgré les
économies à réaliser en divers domaines, la société
se doit de continuer à offrir, en fin de vie, des
soins de haute qualité.
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We
strongly oppose this trend.
A loss of autonomy is not synonymous with loss of dignity.
This reasoning - and we insist on it - engages us in an even more
perilous way on the downward slope.
The danger is not illusory that we want to reserve the concept of the
human person - and the rights related to it - to those who are able to
recognize for themselves the value of their own lives.
Those who are unable or unable to do so are at risk of being eliminated
or denied the necessary care.
Our society must continue to take charge of its most vulnerable members
by mobilizing for the accurate detection and diagnosis of dementia,
providing support to voluntary caregivers, adequate resources for
palliative care to patients at the ultimate stages of dementia
dementia and adequate means for nursing homes and nursing homes.
Despite the savings to be realized in various fields,
society must
continue to offer, at the end of life, high quality care. |
Le niveau moral d'une société se mesure au
traitement qu'elle réserve aux plus faibles de ses
membres. Beaucoup de personnes fragiles
interpréteront un éventuel élargissement de la loi
sur l'euthanasie dans ce domaine comme une
invitation à ne pas se montrer égoïste au point de
devenir un fardeau pour autrui. Le risque n'est-il
pas grand que beaucoup comprennent une extension de
la loi sur l'euthanasie comme « une invitation à en
finir », voire comme un « devoir de mourir » ? Mais,
selon notre conception, jamais, dans une société
authentiquement humaine, l'autre ne peut devenir une
charge inutile. Et quand un frère ou une soeur en
humanité réclame une attention et des soins
redoublés, cette charge supplémentaire sera portée
avec amour. Telle doit être la réponse. Une réponse
qui témoigne d'une solidarité inconditionnelle. Ce
n'est pas la porte de l'euthanasie qui doit s'ouvrir
davantage, mais bien celle de la fraternité et de la
solidarité.
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The moral level of
a society is measured by the way it treats its weakest members.
Many frail people will interpret a possible extension of the
euthanasia law in this area as an invitation not to be selfish enough to
become a burden to others. Is not the risk that many
understand an extension of the law on euthanasia as an "invitation to end",
or even as a "duty to die"? But, according to our
conception, never, in a genuinely human society, can the other become a
useless burden. And when a brother or sister in humanity
demands attention and redoubled care, this extra burden will be carried
with love. That must be the answer. A response
that demonstrates unconditional solidarity. It is not the
door of euthanasia that should open more, but that of fraternity and
solidarity. |
Les évêques de Belgique
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The Bishops of Belgium
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Original Text
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Communiqué des évêques de Belgique
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Communiqué of the Bishops of Belgium
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22 janvier 2014
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22 January, 2014
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Euthanasia and its challenges
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Les évêques de Belgique, réunis en Conférence
épiscopale à Grimbergen, ont approfondi la
problématique de la fin de vie, en présence
d'experts en matière médicale, juridique, éthique et
pastorale.
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The Bishops of
Belgium, meeting at the Episcopal Conference in Grimbergen, deeply
considered the
problem of the end of life, in the presence of experts in medical,
legal, ethical and pastoral matters.
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Ils se sentent fortement interpelés par la
proposition de loi discutée actuellement à la
Chambre sur l'élargissement de l'euthanasie aux
mineurs, c'est-à-dire aux enfants et aux jeunes. Ils
se demandent pourquoi légiférer en une matière aussi
délicate, quand on sait qu'aux Pays-Bas une pareille
loi existe depuis 2006, mais n'a pratiquement jamais
dû être appliquée. Cette question les a poussés à
creuser les enjeux sous-jacents à cette initiative
et à les partager largement .
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They feel
strongly concerned by the bill currently being debated in the House on
extending euthanasia to minors, that is, children and youth.
They wonder why legislating in such a delicate matter, given that
in the Netherlands such a law has existed since 2006, but has hardly
ever had to be applied. This question has pushed them to
study the issues underlying this initiative and to share them widely.
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Le premier enjeu est l'interdiction de tuer, qui
est à la base de notre société. En ouvrant la porte
à l'euthanasie des mineurs, on court le danger de
vouloir l'étendre aux handicapés, aux personnes
démentes, aux malades mentaux, et même à ceux qui
sont fatigués de vivre. On risque ainsi de changer
le sens de la vie humaine et d'accorder la valeur
d'humanité seulement à ceux qui sont capables de
reconnaître la dignité de leur propre vie. On
introduit donc le doute sur la valeur de certaines
vies humaines.
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The first issue
is the ban on killing, which is the basis of our society.
By opening the door to the euthanasia of minors, there is a danger of
trying to extend it to the handicapped, the mentally ill, and even those
who are tired of living. There is a risk of changing the
meaning of human life and of granting the value of humanity only to
those who are capable of recognizing the dignity of their own lives.
Doubts are thus raised about the value of certain human lives.
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Le second enjeu est le changement de la pratique
médicale, lié aux grands progrès de la médecine.
Mais quand la médecine arrive au bout de ses
possibilités, on passe du tout au rien, et on est
tenté de s'orienter tout de suite vers l'euthanasie.
On oublie le rôle de la sédation, qui apaise la
douleur, et l'importance des soins palliatifs, qui
préparent sereinement à la mort. Le médecin et le
personnel médical sont ébranlés dans leur pratique
et se demandent quel est leur rôle, entre le « trop
» de médecine et le « plus rien » de l'euthanasie.
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The second
issue is the change in medical practice, linked to the great advances in
medicine. But when medicine reaches the end of its
possibilities, we pass from nothing to nothing, and we are tempted to
orient ourselves at once to euthanasia. We forget the role
of sedation, which calms pain, and the importance of palliative care,
which serenely prepares for death. The doctor and medical
staff are shaken in their practice and wonder what their role is between
the "too much" medicine and the "nothing" of euthanasia.
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Le troisième enjeu nous renvoie à notre propre
mort : comment la préparer et ne pas l'ignorer?
Avec qui en parler, quelles dispositions prendre,
comment être entouré? Comment éviter de faire de la
mort un moment tabou? Comment mourir dans la
dignité, en respectant la valeur de la vie humaine?
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The third point
brings us back to our own death: how to prepare it and not ignore it?
Who to talk about, what arrangements to take, how to be
surrounded? How to avoid making death a taboo moment?
How to die in dignity, respecting the value of human life?
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Le quatrième enjeu est celui de la souffrance.
70% des Belges se disent favorables à une mort
douce. C'est normal. Il faut à tout prix combattre
toute forme de douleur et diminuer au maximum la
souffrance. Mais quand celle-ci est malgré tout
présente, chez le malade, comme chez les proches, ou
parmi le personnel médical, comment peut-on
l'assumer? Comment être préparés à affronter la
souffrance comme une épreuve qu'on peut partager et
vivre ensemble? Comment nous soutenir mutuellement
pour traverser les moments de souffrance?
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The fourth
issue is that of suffering. 70% of Belgians say they are in
favor of a gentle death. It's normal. It is
necessary to combat any form of pain and minimize suffering.
But when it is nevertheless present, in the patient, in the
family, or among the medical staff, how is it to be taken?
How can we be prepared to face suffering as an ordeal that can be shared
and lived together? How can we support each other to go
through the moments of suffering?
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Le cinquième enjeu est celui de la spiritualité.
Dans la question de l'euthanasie se joue tout le
sens de la vie. Comment l'expérience chrétienne nous
aide-t-elle à affronter la mort et la souffrance ?
Quand nous fêtons la Pâque de Jésus, le vendredi
saint nous fait vivre le drame de la souffrance ; le
samedi saint, le mystère de la mort et de l'abandon; le dimanche, la force de la résurrection. Comment
le mystère pascal inspire-t-il notre vie et
éclaire-t-il toute vie humaine? Comment les
institutions chrétiennes peuvent-elles proposer une
attitude éthique par rapport à ces défis?
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The fifth
challenge is spirituality. In the question of euthanasia is
played out the whole meaning of life. How does the
Christian experience help us face death and suffering? When
we celebrate the Passover of Jesus, Good Friday brings us the drama of
suffering; Holy Saturday, the mystery of death and
abandonment; on Sunday, the strength of the resurrection.
How does the paschal mystery inspire our life and enlighten all
human life? How can Christian institutions propose an
ethical attitude towards these challenges?
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En outre, les évêques ont également travaillé la
question des évolutions du paysage paroissial
dans le pays, avec des experts en pastorale.
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In addition, the
bishops also worked on the evolution of the parochial landscape in the
country, with pastoral experts.
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Les évêques de Belgique
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The Bishops of Belgium
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SIPI – Bruxelles
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SIPI- Brussels |
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Original Text
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Caution: machine assisted translation
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Episcopal Conference of Belgium Can we euthanize the social bond?
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Le 6 mars 2013
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6 March, 2013
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En entendant évoquer en notre pays l'éventualité
d'étendre la dépénalisation de l'euthanasie aux
mineurs et aux personnes démentes, nous ne pouvons
cacher nos craintes.
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Hearing the
possibility of extending the decriminalization of euthanasia to minors
and persons with dementia
in our country, we cannot hide our fears.
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La dépénalisation de l'euthanasie
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The decriminalization of euthanasia
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En 2002, la loi dépénalisait l'euthanasie au cas
où le patient demandait que l'on mette fin de cette
manière à ses souffrances. Cette loi pouvait
apparaître à certains comme raisonnable puisqu'elle
entendait lutter contre les euthanasies
clandestines. Elle était présentée aussi comme très
humaine puisqu'elle était censée assurer la
rencontre de la compassion du médecin avec le souci
du malade de mourir dans la dignité. Nous avions à
l'époque exprimé nos plus vives réserves[1]. Selon
nous, tout acte de liberté, et donc aussi le
consentement à l'acte qui conduit à la mort, a une
grande implication non seulement pour soi, mais
aussi pour les autres.
[1.] "Soins palliatifs, oui; euthanasier, non"
Déclaration des évêques de Belgique
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In 2002, the
law decriminalized euthanasia in cases in which the patient asked to put
an end to his suffering in this way. This law could appear
to some as reasonable since it intended to fight against clandestine
euthanasia. It was also presented as very humane since it
was supposed to ensure the integration of the compassion of the doctor
with the concern of the patient to die with dignity. At the
time, we expressed our deepest reservations.[1] In our view,
every act of freedom, and thus also consent to the act that leads to
death, has a great implication not only for oneself but for others.
[1.] "Palliative care, yes; euthanasia, no"
Declaration of the Bishops
of Belgium
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Depuis lors, l'expérience a montré qu'il n'est
pas si simple de contenir l'acte d'euthanasie dans
des limites déterminées. Qui peut apprécier le
caractère insupportable de la souffrance ? Anticiper
une souffrance encore à venir ou « être fatigué de
la vie » : est-ce suffisant pour justifier
l'euthanasie ? L'objet de cette lettre n'est
cependant pas de détailler toutes les lacunes qui
sont apparues dans la mise en application de la loi.
Nous voudrions simplement manifester notre
opposition à l'extension de la dépénalisation de
l'euthanasie.
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Since then,
experience has shown that it is not so simple to contain the act of
euthanasia within certain limits. Who can appreciate the
unbearable nature of suffering? Anticipating suffering yet
to come or "being tired of life": is this enough to justify euthanasia?
The purpose of this letter, however, is not to detail all the
shortcomings that have arisen in the implementation of the law.
We would simply like to express our opposition to the extension of
the decriminalization of euthanasia.
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Un consentement bien fragile
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A very fragile consent.
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L'argument central de la loi de 2002 était le
consentement du patient, puisque le geste de mort,
sous peine d'être poursuivi pénalement, devait
répondre à une demande sérieuse et persistante. Mais
que signifie encore la nécessité du consentement
dans le projet actuellement débattu, concernant les
personnes démentes et les mineurs d'âge? Notre droit
civil veut protéger ces êtres plus fragiles et dès
lors, vu leur incapacité présumée de consentement,
il leur interdit de s'engager sur de nombreux plans
(acheter et vendre, se marier etc.). Le droit pénal
leur accorde pour les mêmes raisons un statut
particulier. Or les voici susceptibles d'être
euthanasiés par l'effet d'une déclaration (même
lointainement) anticipée pour les personnes
démentes, ou d'un accord (assorti ou non du
consentement des parents) pour les personnes
mineures « douées de discernement ». Le consentement
prévu par la loi devient une notion bien fragile et
peu consistante.
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The main
argument of the 2002 law was the consent of the patient, since the act
of causing death, under pain of being prosecuted criminally, had to meet
a serious and persistent demand. But what is the
significance of the need for consent in the presently debated draft
concerning persons with dementia and minors? Our civil law
wants to protect these more fragile beings and therefore, given their
presumed incapacity for consent, they are prohibited from engaging in
many different ways (buying and selling, marrying, etc.).
The criminal law grants them a special status for the same reasons.
However, they are liable to be euthanized by the effect of a
declaration (even distantly) anticipated for persons with dementia, or
by an agreement (with or without the consent of the parents) for minors
"with discernment". The consent provided by the law becomes
a very fragile and inconsistent notion.
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Le choix crucial : le lien social
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The crucial choice: the social bond
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Nous sommes convaincus que la société ne trouvera
son avenir que dans un surcroît de solidarité entre
nous. Nous avons tous éprouvé, d'une façon ou d'une
autre, dans la vie sociale ou au travail ou dans nos
familles, les méfaits de l'individualisme qui
enferme chaque personne dans la solitude
d'elle-même. D'où nous vient alors cette idée que,
devant la souffrance des êtres qui nous sont
proches, nous confirmerions leur solitude en leur
donnant l'illusion qu'il ne tient qu'à eux de
disparaître de ce monde?
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We are
convinced that society will find its future only in an increase of
solidarity among us. We have all experienced, in one way or
another, in social life or at work, or in our families, the misdeeds of
the individualism which encloses each person in the solitude of herself.
Where does this idea come from that, in view of the suffering of
the beings who are close to us, we would confirm their loneliness by
giving them the illusion that it is up to them to disappear from this
world?
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Certes, la souffrance de la douleur physique peut
s'avérer redoutable, de même que la pesanteur
psychologique d'un handicap ou d'une maladie
dégénérative ou encore de l'accumulation des
infirmités dues au grand âge. Mais il nous faut bien
réfléchir avant de céder à la tentation
d'éliminer de telles souffrances par le geste qui
donne la mort. Cette tentation est sans doute
compréhensible, tant la lassitude est parfois grande
chez le malade ou dans son entourage, mais il
faut pouvoir reconnaître la pression morale à
laquelle conduit cette attitude. Car en faisant
dépendre la vie d'une personne de son seul
consentement à être euthanasiée, nous nous
orientons ainsi dans la direction exactement
contraire à la solidarité attendue. Nous nous
engageons dans une impasse : celle d'un manque
grandissant d'engagement solidaire.
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Of course, the
suffering of physical pain can be daunting, as is the psychological
weight of a disability or a degenerative disease, or the accumulation of
infirmities due to old age. But we must think carefully
before yielding to the temptation to eliminate such sufferings by an act
causing death. This temptation is probably understandable,
as the fatigue is sometimes great in the patient or in his entourage,
but it is necessary to be able to recognize the moral pressure to which
this attitude leads. For by making the life of a person
depend on his consent to be euthanized, we orient ourselves in the
direction exactly contrary to the expected solidarity. We
are now in a deadlock: a growing lack of commitment to solidarity.
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Il est vrai que, par dépit de se trouver à charge
de ses proches, ou par crainte d'être laissée
seule dans le rude combat qu'elle doit mener à
l'approche de la mort, une personne malade peut
traverser une éprouvante période d'incertitude ou de
profond découragement. A cette croisée des
chemins, nous serions heureux qu'elle puisse
rencontrer des personnes qui lui tiennent la
main. Qui lui font comprendre que sa valeur humaine
n'est pas anéantie par l'épuisement qu'elle
connaît parfois en son corps ou en son esprit. Que
sa dignité dépasse infiniment la gêne qu'elle
ressent de ne plus être entièrement maîtresse
d'ellemême. Ce choix crucial revêt une gravité
particulière à l'égard des personnes plus fragiles,
tels les mineurs ou les personnes démentes. En tant
que corps social, en effet, ne devonsnous pas
exercer une vigilance spéciale envers nos membres
qui n'ont pas encore, ou qui n'ont plus, les
ressources physiques ou mentales nécessaires pour
prendre valablement les décisions qui les
concernent ? L'euthanasie des personnes fragiles ne
contredit-elle pas notre humanité la plus
profonde ? Là où devrait se manifester la solidarité
la plus étroite, on voudrait instaurer une
distance, parfois bien grande.
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It is true that in spite of being in the care of her relatives, or for
fear of being left alone in the hard struggle she must carry out at the
approach of death, a sick person can go through a trying period of
uncertainty or deep discouragement.
At this crossroads, we would be glad that she could meet people who hold
her hand.
Who make her understand that her human value is not destroyed by the
exhaustion she sometimes knows in her body or in her mind.
That her dignity infinitely exceeds the embarrassment she feels at being
no longer entirely mistress of herself.
This crucial choice is particularly serious for people who are more
fragile, such as minors or people with dementia.
As a social body, should we not exercise special vigilance towards our
members who do not yet have, or do not have, the physical or mental
resources to make valid decisions about them?
Does not the euthanasia of fragile people contradict our deepest
humanity?
Where there should be the closest solidarity, one would like to
establish a distance, sometimes very great.
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A long terme
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In the long term
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Nous nous interrogeons aussi sur les possibles
conséquences à long terme de l'extension
débattue. Un écrit demandant l'euthanasie en cas de
perte de ses facultés mentales ne risque-t-il pas
de devenir si banal qu'un jour, on se demandera si
un tel écrit est encore nécessaire? La réalité de
la démence, dira-t-on, n'appellera-t-elle pas, de
soi, l'euthanasie par 'compassion'? De même, à
propos du mineur : sa demande d'euthanasie
n'apparaîtra-t-elle pas si 'raisonnable', si normale
que l'euthanasie devrait être donnée à quelque
mineur que ce soit, y compris le tout petit enfant,
dès lors que sa maladie ou son handicap nous est
insupportable? Euthanasier, même sous prétexte de
consentement, les personnes diminuées dans leurs
facultés mentales, c'est presque nécessairement
rendre encore plus dure la condition de ces
personnes démentes, de leurs proches et de leurs
soignants. Est-ce une telle société que nous voulons
instaurer à l'avenir?
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We also
question the possible long-term consequences of the extension discussed.
Will a writing asking for euthanasia in case of loss of one's
mental faculties run the risk of becoming so commonplace that one day,
one wonders if such a writing is still necessary?
Will
the
reality of dementia, it will be said, not call, of itself,
for
euthanasia
out of
'compassion'?
Similarly, with respect to the minor: will his request for
euthanasia not appear so "reasonable", so normal that euthanasia should
be given to any minor, including the very small child, as soon as
his illness or disability becomes unbearable?
To euthanize
people who are diminished
in their mental faculties,
even under the pretext of consent, almost necessarily makes
the condition of these persons,
their relatives and caregivers even harder.
Is this the society we want to establish in the future?
|
Notre appel
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Our appeal
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Pour notre part, nous préférons appeler le
législateur à rompre avec une logique qui d'une
certaine façon euthanasie le lien social lui-même.
Nous l'invitons à considérer comment les grands
malades, mineurs ou déments, pourront être mieux
encore pris en charge par la Santé publique,
notamment dans le cadre des soins palliatifs. Notre
refus de l'euthanasie n'est pas le choix de la
souffrance, ni de faire souffrir, ni même de laisser
souffrir. Les progrès dans les soins palliatifs ont
appris à grandement soulager la souffrance. Ils
aident à prévenir de possibles demandes
d'euthanasie.
|
For our part,
we prefer to call the legislator to break with a logic that in some way
euthanizes the social bond itself. We invite him to
consider how the very sick, minors or people with dementia, can be
better taken care of by the Public Health, especially in the context of
palliative care. Our refusal of euthanasia is not a choice
for suffering, nor making someone suffer, nor even allowing suffering.
Advances in palliative care have taught us to greatly alleviate
suffering. They help to prevent possible euthanasia
requests.
|
Nous remercions et encourageons les médecins et
tout le personnel médical qui écoutent le
meilleur d'eux-mêmes en choisissant la vie et en
accompagnant, avec compétence professionnelle et
dévouement, les patients les plus faibles. Leur
liberté de conscience ne peut en aucun cas être
réduite à néant.
|
We thank and
encourage doctors and all medical personnel who listen to the best of
themselves by choosing life and accompanying the weakest patients with
professional competence and dedication. Their freedom of
conscience shall in no case be reduced to nothing.
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Avec d'autres, nous voulons aider les personnes
souffrantes et leurs proches à trouver les
sources et les forces spirituelles qui leur
permettent de vivre cette confrontation à la
souffrance. Nous les invitons à garder dans la
chaleur affective de leurs liens réciproques
cette existence si précieuse, quand bien même elle
nous pose souvent de nombreux points
d'interrogation et nous met devant la question de
son sens.
|
Together with
others we want to help the suffering people and their families to find
the spiritual sources and strengths that enable them to experience this
confrontation with suffering. We invite them to guard this
precious existence with the emotional heat of their reciprocal ties,
even though it often presents us with many questions and puts us before
the question of its meaning.
|
En nous exprimant sur un sujet aussi sensible,
nous entendons apporter notre contribution
propre, tant au fonctionnement de la démocratie qu'à
la compréhension de la liberté humaine.
Finalement, il s'agit de savoir quel regard les
membres de la société portent les uns sur les
autres, en particulier sur les plus faibles parmi
nous.
|
By expressing
ourselves on such a sensitive subject, we intend to make our own
contribution, both to the functioning of democracy and to the
understanding of human freedom. Finally, it is a matter of
knowing how the views of members of society impact each other,
especially on the weakest among us.
|
Nous tenions ainsi, comme évêques de l'Eglise
catholique en Belgique, à partager notre
conviction. A ce titre, nous pensons honorer tant
notre démocratie que la dignité humaine. Nous
voulons rappeler le lien de chair et de sang qui, en
reliant tous les êtres humains les uns aux
autres, les invite à écarter toute violence, voire
toute forme de pression, dans leurs rapports
mutuels. Nous pensons que notre démocratie est mieux
servie lorsqu'elle reconnaît à quel point le lien
social est infiniment plus profond que le fragile
consentement à l'euthanasie.
|
Thus we, as
bishops of the Catholic Church in Belgium, shared our conviction.
As such, we believe in honoring both our democracy and human
dignity. We want to recall the bond of flesh and blood
that, by linking all human beings to each other, invites them to dismiss
any violence or even any form of pressure in their mutual relations.
We believe that our democracy is best served when it recognizes
that the social bond is infinitely deeper than the fragile consent to
euthanasia.
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Les évêques de Belgique
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The Bishops of Belgium
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Original Text
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Caution: machine assisted translation
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Euthanasia: 10 years
later, where is the common good?
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30 May, 2012
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En mai 2002, une majorité parlementaire a voté
une loi relative à l'euthanasie. Dix ans après sa
promulgation, un bilan s'impose. Lors des débats
parlementaires, les évêques de Belgique avaient déjà
exprimé leurs craintes, notamment celle d'une grave
menace quant au respect non seulement des personnes
les plus vulnérables, mais aussi des soignants[1].
[1.] "Soins palliatifs, oui; euthanasier, non"
Déclaration des évêques de Belgique
|
In May 2002, a
parliamentary majority passed a law on euthanasia. Ten
years after its promulgation, an assessment is necessary.
During the parliamentary debates, the bishops of Belgium had already
expressed their fears, notably that of a serious threat to the respect
not only of the most vulnerable but also of the carers.[1]
[1.] "Palliative care, yes; euthanasia, no"
Declaration of the Bishops
of Belgium
|
Aujourd'hui, comment ne pas redire tout d'abord
la sympathie que chacun de nous éprouve à l'égard
des personnes qui souffrent intensément, minées par
la maladie et bouleversées par la perspective d'une
mort prochaine? Qui pourrait demeurer indifférent à
leur désarroi? Chacun peut comprendre que l'envie
surgisse parfois de s'endormir pour de bon et d'être
ainsi libéré. Reste qu'une demande de mort doit le
plus souvent être décryptée comme un appel au
secours. Ce cri de détresse ne doit donc pas
nécessairement être interprété comme une volonté de
mourir à proprement parler. La réponse appropriée
est alors de soutenir le désir de vivre en dignité
qui se cache derrière la demande de mort. Et lorsque
toute thérapie se révèle vaine ou, en tout cas,
disproportionnée, des soins palliatifs de qualité
doivent alors prendre la relève. Il importe de leur
donner les moyens, encore insuffisants aujourd'hui,
de se développer afin de permettre de vivre et de
mourir dans la dignité et la sérénité. On évitera
ainsi de mettre fin délibérément à la vie et de
transgresser l'interdit, essentiel à toute société,
de faire mourir intentionnellement une personne
innocente. Il est, certes, des cas où, d'un point de
vue technique, la distinction peut sembler mince
entre certaines pratiques palliatives et certaines
pratiques d'euthanasie. C'est alors le contexte
humain, la nature précise des moyens employés et
l'intention qui font toute la différence.
|
Today, how can we not first of all repeat the sympathy that each of us
feels for those who are suffering intensely, undermined by illness and
overwhelmed by the prospect of an approaching death?
Who
could remain indifferent to their disarray?
Everyone can understand that the urge sometimes arises to fall asleep
for good and thus be freed.
Nonetheless,
a request for death must most often be decrypted as a call for help.
This cry of distress, therefore, must not necessarily be interpreted as
a desire to die strictly speaking.
The appropriate answer is then to support the desire to live in dignity
that lies behind the demand for death.
And when any therapy turns out to be vain or, in any case,
disproportionate, quality palliative care must then take over.
It is important to give them the means, still insufficient today, to
develop in order to live and die in dignity and serenity.
This will avoid the deliberate termination of life and the violation of
the prohibition of the intentional death of an innocent person.
There are, of course, cases where, from a technical point of view, there
may seem to be a thin distinction between certain palliative practices
and certain practices of euthanasia.
It is then the human context, the precise nature of the means employed
and the intention that make all the difference.
|
À cet égard, comment ne pas rendre hommage au
dévouement admirable et compétent des membres du
personnel soignant qui, refusant tout acharnement
thérapeutique, luttent contre la douleur, soulagent
la souffrance et à, avec beaucoup de coeur,
accompagnent jusqu'au bout les malades et leurs
proches? Que de témoignages de familles attestant
la grande densité humaine de ces derniers jours
passés auprès de leurs proches dans un contexte de
grande humanité! Je salue aussi le courage des
soignants qui, malgré d'éventuelles pressions,
exercent leur droit à l'objection de conscience et
refusent de pratiquer l'euthanasie ou d'y
participer.
|
In this
respect, how can we fail to pay tribute to the admirable and competent
dedication of the medical staff who, refusing any relentless therapeutic
efforts, struggle against pain, relieve suffering and, with much heart,
accompany the sick and their relatives? What
testimonies of families attesting to the great human intensity of these
last days spent with their relatives in a context of great humanity!
I also salute the courage of caregivers who, despite possible
pressures, exercise their right to conscientious objection and refuse to
practice or participate in euthanasia.
|
On a souvent argumenté en faveur de la
dépénalisation de l'euthanasie en invoquant la
liberté individuelle de disposer de sa vie et donc
aussi de sa mort. Mais, 10 ans après, on perçoit
mieux que l'euthanasie n'est jamais une décision
concernant seulement la liberté de ceux qui la
demandent. Sa dépénalisation a modifié pour de
nombreux professionnels de la santé des aspects
essentiels de leur profession. Elle a parfois
ébranlé la confiance entre les membres d'une même
famille ou à l'égard du corps médical. Elle a
conduit subrepticement des personnes fragiles à
penser qu'elles feraient bien de demander
l'euthanasie.
|
Decriminalization
of euthanasiahas often been supported by invoking the individual freedom
to dispose of his life and therefore also to arrange his death.
But 10 years later, it is better to see that euthanasia is never a
decision concerning only the freedom of those who ask for it.
Its decriminalization has changed the essential aspects of their
profession for many health professionals. It has sometimes
undermined trust between members of the same family or with regard to
the medical profession. It surreptitiously led fragile
people to think that they would do well to ask for euthanasia.
|
De plus les craintes exprimées il y a 10 ans sont
aujourd'hui réalité. À l'époque, plusieurs
précautions avaient été prévues par le législateur
afin de circonscrire strictement le champ
d'application de la loi. Mais une fois la porte
entrouverte, l'entrebâillement s'élargit
inévitablement. Aujourd'hui, la Commission fédérale
de contrôle est quasiment obligée de fermer les
yeux sur des pratiques non conformes à la loi et
avoue d'ailleurs explicitement son impuissance à
contrôler efficacement son application2.
|
Moreover, the
fears expressed 10 years ago are now reality.
At
the time, several precautions had been provided by the legislature to
narrowly define the scope of the Act. But once the door is
opened, widening the opening becomes inevitable. Today, the Federal
Supervisory Commission is almost obliged to close its eyes to practices
that are not in conformity with the law and explicitly acknowledges its
inability to effectively control its application2.
|
Dans ces conditions, est-il raisonnable
d'envisager un nouvel élargissement du champ
d'application de la loi, sachant que des pratiques
incontrôlables vont ensuite forcer le législateur
à envisager de nouvelles extensions ? Il est des
domaines où le bien commun exige que des « oui »
ou des « non » très clairs soient prononcés. Et
l'histoire montre que nous sommes capables de le
faire. Dans le domaine de l'accompagnement de la
souffrance et de la mort, le « oui » résolu à une
présence compétente et aimante auprès des malades et
des mourants est le véritable avenir de nos
sociétés. Et le développement toujours perfectible
des soins palliatifs nous en donne la
possibilité. Renoncer à l'euthanasie peut sembler à
certains une diminution de leur liberté
individuelle. Et ce l'est en un sens. Mais il
s'agit, à plus long terme, d'une contribution
majeure au bien commun de tous.
|
In these
circumstances, is it reasonable to envisage a further extension of the
scope of the law, knowing that uncontrollable practices will then force
the legislator to consider further extensions? There are
areas where the common good requires very clear "yes" or "no"
statements. And history shows that we are capable of doing
so. In the field of accompanying suffering and death, the
"yes" resolved to a competent and loving presence among the sick and the
dying is the true future of our societies. And the
ever-evolving development of palliative care gives us the possibility.
Renouncing euthanasia may seem to some a decrease in their
individual freedom. And this is so in a sense.
But in the longer term, this is a major contribution to the common good
of all.
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+ A.-J. Léonard, Archevêque de
Malines-Bruxelles.
|
+ A.-J. Léonard, Archbishop of Malines-Brussels
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|
Original Text
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Caution: machine assisted translation
|
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Palliative care, yes; euthanasia, no Declaration of the Bishops
of Belgium
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16 mai 2002
|
16 May, 2002
|
La chambre des représentants vient de voter la proposition de loi qui
légalise l'euthanasie. La Belgique est devenue dès lors un des rares
pays au monde où il est permis légalement de tuer délibérément un être
humain. Nulle part ailleurs on ne permet de procurer la mort
volontairement et impunément « dans toute situation de souffrance ou de
détresse, constante et insupportable, qui ne peut être apaisée, et qui
résulte d'une affection grave et incurable ». L'euthanasie sera donc
admise pour des malades qui pourraient encore vivre des années, ou pour
des personnes dépressives depuis longtemps, ou même pour des handicapés
physiques.
|
The House of
Representatives has just passed the bill that legalizes euthanasia.
Belgium has since become one of the few countries in the world
where it is legally permitted to deliberately kill a human being.
Nowhere else is it possible to procure death, voluntarily and with
impunity, "in any situation of suffering or distress, constant and
unbearable, which can not be appeased, and which results from a grave
and incurable affection." Euthanasia will therefore be
admitted for patients who may still live for years, or for persons who
have been depressed for a long time, or even for physically handicapped
persons.
|
Nous répétons une fois encore avec force que tout ceci est, pour
nous, en opposition directe avec ce qui fait le coeur d'une vie en
société basée sur la dignité humaine et sur une longue histoire de la
civilisation, à savoir le respect fondamental de la vie hu-maine, et
d'abord celle des personnes les plus vulnérables.
|
We repeat once
again forcefully that all this is in direct opposition to what
constitutes the heart of a life in society based on human dignity and a
long history of civilization, namely the fundamental respect for
human life, and first and foremost that of the most vulnerable.
|
L'enjeu de la loi sur l'euthanasie qui vient d'être votée est que la
valeur et la dignité d'un être humain ne sont plus liées au fait de son
existence, mais à ce qu'on appelle sa "qualité de vie". Cela signifie
donc que l'état belge est d'accord avec le fait que telle vie humaine a
moins de valeur que d'autres ; et en outre, que le contenu de cette
qualité de vie sera laissé à l'appréciation subjective du malade
lui-même ou d'autres personnes.
|
The issue of the
law on euthanasia which has just been voted on is that the value and
dignity of a human being are no longer linked to the fact of his
existence but to what is called his "quality of life." This
means that the Belgian state is in agreement with the fact that some
human life is less valuable than others; and further
that the content of that quality of life will be left to the subjective
judgment of the patient himself or others.
|
"La loi n'oblige personne à pratiquer l'euthanasie", nous
objecte-t-on. Non, évidemment. Mais nous craignons que le malade ne
subisse dans certains cas une lourde pression des membres de sa famille
ou du personnel soignant afin qu'il soit euthana-sié. Le médecin
pourra-t-il s'opposer et dire non si les personnes concernées deman-dent
l'euthanasie ? Ou bien risquera-t-il, en pratiquant l'euthanasie,
d'aliéner le sens de sa profession ? Et laissera-t-on en paix les
hôpitaux qui refusent qu'on pratique l'euthanasie chez eux ? On entend
déjà que l'euthanasie pourra être exigée par les patients, quelles que
soient les convictions philosophiques de l'établissement où il est
soigné.
|
"The law does
not oblige anyone to practice euthanasia," we object. No,
of course. But we fear that the patient may be under severe
pressure from family members or caregivers to be euthanized.
Will the doctor be able to oppose and say no if the persons
concerned ask for euthanasia? Or will he, by practising
euthanasia, risk alienating the meaning of his profession?
And will we leave the hospitals in peace, who refuse euthanasia in their
facilities? It is already understood that euthanasia may be
required by patients, whatever the philosophical convictions of the
institution where they are treated.
|
On reproche régulièrement à l'église catholique, dans les débats
autour de l'euthanasie, de vouloir laisser souffrir les gens
inutilement et sans raison. C'est évidemment faux et cela nous blesse
profondément. Depuis des siècles, les chrétiens ont beaucoup travaillé
pour adoucir la souffrance des gens. L'Eglise s'est aussi exprimée
plusieurs fois sans équivoque contre une prolongation inutile de la vie,
c'est-à-dire contre l'acharnement thérapeutique. Car il est certain
qu'il faut éviter de faire souffrir les autres, il faut réduire au
maximum leurs souffrances. La question est de savoir si l'on peut
ob-tenir cela en tuant quelqu'un! Toute la tradition éthique de
l'humanité a toujours ré-pondu non à cette question. Y répondre
maintenant oui revient à ouvrir une brèche dans cette tradition: on
suscite une contradiction interne dans l'histoire de la civilisation.
En effet jamais on n'a accordé autant d'attention à la protection de
toute vie hu-maine ou de la nature; jamais on n'a tant investi pour
maintenir en vie les gens et la nature. On a tellement progressé dans le
traitement des personnes souffrantes — en particulier dans les soins
palliatifs — , que bientôt presque plus personne ne devra vivre ou
mourir avec un mal insupportable. Certaines thérapies anti-douleur
peuvent certes accélérer la mort. Mais la grosse différence par rapport
à l'euthanasie est dans le but, l'esprit et la mentalité qui président
au traitement : dans le combat contre la douleur, on veut supprimer la
douleur de quelqu'un qui va mourir ; en euthanasiant, on met
volontairement fin à la vie. Soigner revient à tuer!
|
The Catholic church is regularly reproached in the debates around
euthanasia for wanting people to suffer unnecessarily and without
reason.
This is obviously false and it hurts us deeply.
For centuries, Christians have worked hard to soften the suffering of
people.
The Church has also expressed itself unequivocally several times against
an unnecessary prolongation of life, that is, against therapeutic
relentlessness.
For it is certain that we must avoid making others suffer, we must
minimize their sufferings.
The question is whether we can get that by killing someone!
The whole ethical tradition of humanity has always replied no to this
question.
To say yes to it now is a breach in this tradition: there is an internal
contradiction in the history of civilization.
In fact, so much attention has never been paid to the protection of all
human life or of nature;
never have we invested so much to keep people and nature alive.
We have made so much progress in the treatment of sufferers - especially
in palliative care - that soon almost nobody will have to live or die
with unbearable harm.
Certain pain-relieving therapies can accelerate death.
But the big difference with euthanasia is the purpose, the mind and the
mentality that govern the treatment: in the fight against pain, we want
to suppress the pain of someone who is going to die;
by
euthanizing, voluntarily put an end to life.
To cure is to kill!
|
Nous attendons beaucoup du développement futur et de la mise en
oeuvre des soins palliatifs. Nous avons ici l'occasion de faire en sorte
que nos êtres chers nous quittent d'une manière humaine et physiquement
supportable, au lieu de devoir les tuer ou les faire tuer parce qu'ils
n'en peuvent plus. Il faudra dans les années futures dégager davantage
de moyens qu'on ne le fait aujourd'hui en faveur de la recherche et du
traitement en matière de lutte contre la douleur.
|
We look forward
to the further development and implementation of palliative care.
Here we have the opportunity to ensure that our loved ones leave
us in a humane and physically tolerable manner, instead of having to
kill them or cause them to be killed because they cannot.
In future years, more resources will be needed than is currently the
case for research and treatment in the field of pain control.
|
Le vote de la proposition de loi n'est pas un point d'arrivée. Il ne
nous dispense pas du droit et du devoir de promouvoir un principe de
base de notre éthique : « Tu ne tueras pas. » Nous appelons tous les
chrétiens à vivre et agir dans le monde sur base du respect de toute
vie. Nous sommes persuadés que beaucoup de non-chrétiens parta-gent
cette conviction avec nous. Les nombreux échos entendus en Commission
séna-toriale nous le confirment sans équivoque. Une attitude idéologique
a malheureuse-ment étouffé ces voix. Mais l'éthique est ancrée dans la
vérité qui habite le coeur de l'homme, pas dans d'autres motifs, quels
qu'ils soient. Les chrétiens, en collaboration avec beaucoup d'autres,
ont ici un rôle prophétique à jouer, avec humilité, mais avec décision,
malgré les choix politiques du moment.
|
The passage of
the bill is not a point of arrival. It does not relieve us
of the right and duty to promote a basic principle of our ethics: "Thou
shalt not kill."
We call on all Christians to live and act in the world on the
basis of respect for all life. We are convinced that many
non-Christians share this belief with us. The numerous
echoes heard in the Senate Committee confirm this unequivocally.
An ideological attitude has unfortunately stifled these voices.
But ethics is anchored in the truth that dwells in the heart of
man, not in other motives, whatever they may be.
Christians, in collaboration with many others, have here a prophetic
role to play, with humility, but with decision, despite the political
choices of the moment.
|
Les évêques de Belgique
|
The Bishops of Belgium
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Original Text
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Caution: machine assisted translation
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Declarations des Evêques de Belgique
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Declarations of the Bishops of Belgium
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Nouvelle serié - No. 21
|
New Series - No. 21
|
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The Accompaniment of the Sick in the Approach of Death
|
fébvrier 1994
|
February, 1994
|
(p. 3) Dans leur existence, tous les humains se heurtent au mystère
de la souffrance et de la mort. Nous savons que nous mourrons, et
pourtant l'ardent désir nous habite d'un bonheur durable et d'une vie
sans fin . . .
|
(p. 3) In their
existence, all humans come up against the mystery of suffering and
death. We know that we shall die, and yet the ardent desire
subsists for a lasting happiness and a life without end. .
.
|
Notre lettre concerne l'ensemble de cette problématique. . .
|
Our letter concerns the whole of this problem. .
.
|
. . . De tout temps, l'Elgise s'est efforcée de contribuer à soigner
et a guérir les malades, mais aussi à rendre leur mort la plus humaine
possible. Elle a construit des hôpitaux. Elle a encouragé des
congrégations religieuses et des institutions caritatives à soigner les
malades. Dans notre pays, Caritas Catholica réunit de nombreuses
initiatives visant a assister les malades avec compétence et dans un
esprit de charité. Caritas collabore entre autres à l'extension des
soins dits palliatifs, à domicile et dans les hôpitaux. Le grand souci
de l'Eglise reste aujourd'hui encore de procurer au malade tous les
soins dont il a besoin. . .
|
. . .The Church has
always striven to help cure and heal the sick, but also to make their
death as human as possible. She built hospitals. She encouraged religious congregations and charitable institutions
to care for the sick. In our country, Caritas
Catholica brings together many initiatives aimed at assisting the sick
with competence and in a spirit of charity.
Caritas is collaborating
with others on the extension of so-called
palliative care, at home and in hospitals. The great
concern of the Church remains still today to procure for the patient all
the care he needs. . .
|
1. Le mystere de la mort
|
1. The mystery of death
|
(p.4) Une notion juste de l'accompagnement des mourants suppose qu'on
redècouvre la signification profonde de la mort . . .
|
(p. 4) A correct notion of the
accompaniment of the dying supposes that one rediscovers the deep
meaning of death. . .
|
2. Les soins médicaux appropriés
|
2. Appropriate medical care
|
(p. 4-5) Chacun a le droit et le devoir de se fair soigner
convenablement quand il est malade. En accord avec son patient ou avec
ceux qui doivent décider en son nom, le médecin détermine les soins qui
sont nécessaires . . .Il importe ici de faire une distinction
capitale entre l'archarnement therapeutic, et la légitime ténacite des
médecins dans leur combat contre la maladie et la mort. . .
|
(p. 4-5) Everyone has the right and the duty to be
properly cared for when he is sick. In agreement with his
patient or with those who must decide on his behalf, the doctor
determines the care that is necessary. . .
It is important here to make a fundamental distinction between
therapeutic relentlessness and the legitimate tenacity of doctors in
their fight against disease and death. . .
|
3. Le soulagement de la doleur
|
3. Pain relief
|
(p. 5) Nous savons que l'approche du moment de la mort va souvent de
pair avec des douleurs violentes et tenaces. Quand ces doleurs
persistent, elles provoquent aussi d'intenses souffrances psychiques.
Aux unes aux autres, il peut être rémedié par l'administration de
"calmants" appropriés. . .
|
(p. 5) We know that the approach of the moment of death often
goes hand in hand with violent and stubborn pain. When this
pain persists, it also causes intense psychic suffering.
Relating one to the other, this can be remedied by the
administration of appropriate "calmants". . .
|
. . . Il au reste très encouragement de constater que la pratique des
soins palliatifs s'étend, tant dans les hôpitaux qu'à domicile . . .
Ainsi le malade qui reste conscient peut arriver à accepter son état.
Nous sommes d'ailleurs d'avis que la mise du patient en état comateux
n'est legitme que dans des cas d'extrême souffrance. La conscience est
chose trop précieuse pour être éliminée quand approche la mort.
|
. . . It is also very
encouraging to note that the practice of palliative care extends, both
in hospitals and at home. . .
Thus the patient who remains conscious can manage to accept his
condition. We are of the opinion that putting the patient
in a comatose condition is legitimate only in cases of extreme
suffering. Consciousness is too precious to be eliminated
when death approaches.
|
4. L'accompagnement affectif
|
4. Affective accompaniment
|
(p.6) Ce n'est pas seulement le corps qui souffre à l'approche de la
mort. Souffrent également le coeur, l'esprit, l'âme. Et ce ne sont pas
seulement les médecins et leurs assistants qui ont mission d'alléger la
souffrance. . .
|
(p. 6) It is not only the body that suffers at the
approach of death. The heart, mind, soul also suffer.
And it is not only doctors and their assistants who have the task
of alleviating suffering. . .
|
5. L'annonce de la mort prochaine
|
5. Advising when death is near
|
(p. 6) C'est une tâche difficile pour les médecins et pour la famille
que de mettre le malade au courant de la gravité de son état. . .
|
(p. 6) It is a difficult task for doctors and for the
family to make the patient aware of the seriousness of his condition.
. .
|
6. Mettre fin aux jours d'une personne gravement malade?
|
6. Ending the days of a gravely ill person?
|
(p. 6-7) Les soins aux personnes gravement atteintes et aux patients en
phase terminale confrontent ceux qui les soignent et leure familles à de
serieux problèmes: douleurs insupportables qu'il faut soulager,
traitements qui ne donnent pas les resultats attendus, désir de mourir
exprimé par les patients. A notre époque, bien des voix s'élèvent en
faveur de l'intervention active en certains cas dans le but de mettre
fin à la vie du malade. Pareille intervention porte le nom d'euthansie.
|
(p. 6-7) Care for severely
ill patients and terminally ill patients confront those who care for
them and their families with serious problems: unbearable pain that must
be relieved, treatments that do not produce the expected results,
patients' desire to die. In our time, there are many voices
in favor of active intervention in certain cases with the aim of putting
an end to the patient's life. Such a procedure is called
euthansia. |
(p. 7) Certains de ses partisans la réclament surtout au nom de la
compassion, de la pitié vis-à-vis de malades sans espoir de guérison, en
proie à leurs yeux à d'inutiles souffrances; l'argument est de grand
poids auprès de l'opinion publique. Ils estiment qu'il faut faire droit
au souhait exprimé par le malade qui souffre atrocement et qui demande
expressément qu'il soit mis fin à ses souffrances et à sa vie. Ils
pensent aussi que d'autres peuvent décider en ce sens quand l'intéressé
n'est plus en état de le fair lui-même.
|
(p. 7) Some of its supporters demand it especially in the
name of compassion, pity for patients without hope of cure, victims in
their eyes of useless suffering; the argument is of great
weight with the public opinion. They feel that the wish
expressed by the patient who is suffering atrociously and who expressly
asks that his suffering and his life should be put to an end must be
accepted. They also think that others may decide this when
the person concerned is no longer able to do it himself.
|
D'autres basent leur défense de l'euthansie sur la liberté de la
personne humaine. L'être humain est autonome et doit, par conséquent,
pouvoir disposer de soi. C'est son droit. La société doit respecter le
droit personnel de mourir et le confirmer par des dispositions légales.
On propose que chacun puisse rédiger un document à ce sujet, une sorte
de testament de vie, dans lequel il ferait connaître sa volonté qu'il
soit mis fin à ses jours en cas de declin irréversible.
|
Others base their defense of euthanasia on the freedom of the
human person. The human being is autonomous and must
therefore be able to dispose of himself. That is his right.
Society must respect the personal right to die and confirm it by
legal provisions. It is proposed that everyone be able to
write a document on this subject, a kind of living will, in which he
would make known his will to put an end to his days in case of
irreversible decline.
|
Il est donc fait référence à divers arguments: depuis la mort
administrée par compassion jusqu'à la revendication d'un droit
individuel à la mort. Dans l'argumentation qui suit, nous nous
intéressons d'abord à l'euthanasie requise par des tiers, ensuite à
celle demandée par le malade lui-meme.
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This involves various arguments: from death administered by
reason of compassion to the claim of an individual right to death.
In the discussion that follows, we focus first on the euthanasia
required by third parties, then on that requested by the patient
himself.
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7. Continuer à respecter la vie
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7. Continue to respect life
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(p. 7-8) Procéder à l'euthanasie signifie toujours mettre à mort de
façon consciente un être humain. C' est porquoi l'act en question doit
être confronté à la norme séculaire "Tu ne tueras pas." Il nous paraît
utile et nécessaire d'eclairer cette norme. Elle est l'expression d'une
conviction mûrement réfléchie de la conscience humaine. . .
|
(p. 7-8) Proceeding to
euthanasia means always consciously killing a human being.
This is why the act in question must be confronted with the secular norm,
"You will not kill." It seems to us useful and necessary to
clarify this standard. It is the expression of a
well-thought-out conviction of the human conscience. .
. |
L'homme n'a-t-il pas le devoir de respecter la vie de tout autre
humain? L'euthanasie va à le'encontre de ce devoir. Les hommes sont
appelés à vivre les uns avec les autres et à se preter assistance
mutuelle. Aussi n'est-il pas bon que soit accordé à certains d'entre eux
le droit de décider de la vie et de la mort de leur prochain innocent.
N'est-il pas étonnant que le droit à la mort soit revendiqué précisement
à une époque ou l'on semble si soucieux du droit de chacun à la vie? De
plus et plus, nous insistons sur le devoir d'assistance aux personnes en
danger. A nos yeux, l'euthansie ne constitue pas un progrès de la
civilisation, mais un recul.
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Does not man have the duty to respect the life of every other
human? Euthanasia goes against this duty. Men
are called to live with each other and to assist one another.
It is therefore not right that some of them should be given the
right to decide the life and death of their innocent neighbor.
Is it not astonishing that the right to death is claimed precisely
at a time when one seems so concerned with the right of everyone to
life? More and more, we insist on the duty of assistance to
people in danger. In our eyes, euthanasia is not an advance of
civilization, but a retreat
|
(p. 8) L'humanité accede à un niveau éthique supérieur à mesure qu'elle
respecte absolument le droit de chacun à la vie, depuis l'apparition de
celle-ci jusqu'à la mort naturelle. Nous vivons heureusement à une
époque qui attache une grande importance au respect de la vie humaine
ainsi qu'à la qualité des relations entre nous. L'euthanasie n'est elle
pas une capitulation sur ces deux plans? A un moment crucial de la vie
d'un être humain, on coupe défnitivement le fil. N'est-ce pas plutôt
notre devoir de rester proches de la personne en détresse? L'ordonnance
médicale qui conduit à l'euthanasie et l'acte qui l'exécute parainent à
certains tellement ordinaires, tellement banals. C'est pourquoi ils ne
s'apercoivent pur ainsi dire pas que la norme "Tu ne tueras pas" est
transgressée. Celui qui, en la matière, veut sauvegarder la conscience
éthique, doit bien réaliser la situation.
|
(p. 8) Mankind reaches a higher ethical level inasmuch as it
absolutely respects everyone's right to life, from the emergence of life
to natural death. We live happily at a time that attaches
great importance to respect for human life as well as to the quality of
relations between us. Is not euthanasia a capitulation on
these two levels? At a crucial moment in the life of a
human being, the thread is definitively cut. Is it not
rather our duty to remain close to the person in distress?
The medical prescription for euthanasia and the act that perform it
appears to some so ordinary, so mundane. This is why they
do not realize clearly that not the norm "You will not kill" is
transgressed. Anyone who wants to safeguard the ethical
conscience in this matter must realize the situation.
|
De plus, nous voulons souligner le fait que permettre l'euthanasie
signifierait une modification profonde — négative d'ailleurs — de la
vocation du médecin et de la médecine. La mission des médecins est de
soigner et de guérir les malades, de favoriser la vie, non d'y mettre un
terme. Permettre l'euthanasie mettrait aussi en grand péril la relation
de confiance entre le patient, ou sa famille et ceux qui le soignent.
|
In addition, we want to emphasize that allowing euthanasia
would mean a profound change - a negative change - of the vocation of
the doctor and the profession of medicine. The mission of
doctors is to heal and cure the sick, to promote life, not to put an end
to it. Allowing euthanasia would also jeopardize the
relationship of trust between the patient, or his or her family and
caregivers.
|
Nous contestons donc le droit de mettre fin aux jours de malades en
stade terminal. D'ailleurs, nous avons toutes les raisons de redouter
l'extension de la pratique à d'autres categories de personnes.
L'histoire nous apprend qu'il y a lieu de rester vigilants.
|
We are therefore challenging the right to end the days of
terminally ill patients. Moreover, we have every reason to
fear the extension of the practice to other categories of people.
History tells us that we must remain vigilant.
|
(p. 9) Faut-il des lors abandonner à leur souffrance les personnes gravement
éprouvées dans leur corps et dans leur âme? Il va soi que non. Le plus
souvent une thérapie calmante accompagnée d'une délicate prise en charge
affective donnera de résultats positifs. Parfois, il est vrai, la
douleur peut être si intense, la vie si intolérable que la famille en
arrive à penser que seule la mort peut apporter une solution. Cette
réaction n'à rien d'étonnant, car la pitié est un sentiment réel et
puisant qui nous rend vulnérables à la souffrance d'autrui. Mais
réfléchissons-y à deux fois. Ce sentiment n'est-il pas aussi, sinon
d'abord, une expression de la pitié envers soi-même? Nous sommes
persuadés que la compassion la plus authentique accepte le malade tel
qu'il est, même en plein déclin. Car, même à ce moment, le malade garde
toute sa valeur d'être humain. C'est d'ailleurs pourquoi nous continuons
à l'aimer et à lui offrir notre soutien, et cela jusqu'aux ultimes
heures d'angoisse.
|
(p. 9) Do we then have to give up to their suffering those who are
seriously tried in their bodies and souls?
It goes without saying - no.
Most often a calming therapy accompanied by a delicate affective
management will give positive results.
Sometimes it is true, the pain can be so intense, life so intolerable
that the family comes to think that only death can bring a
solution.
This reaction is not surprising, for pity is a real feeling, which makes
us vulnerable to the suffering of others.
But let's think twice.
Is not this sentiment also, if not first, an expression of pity towards
oneself?
We are persuaded that the most genuine compassion accepts the patient as
he is, even in decline.
For, even at this moment, the patient retains all his value as a human
being.
That's why we continue to love him and offer him our support, even to
the last hours of anguish.
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8. Que souhaite vraiment le malade?
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8. What does the patient really want?
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(p. 9-10) Voilà donc nos arguments contre l'euthanasie demandée par
la famille. Mais que dire quand la demande émane du malade en personne?
N'à-t-il pas le droit de disposer de lui-même? Une personne malade peut
avoir le sentiment que sa souffrance est trop vive ou qu'elle le
deviendra. Ne peut-elle en ce cas demander qu'il y soit mis fin?
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(p. 9-10) These are our arguments against euthanasia demanded
by the family. But what can be said when the request comes
from the patient in person? Does not he have the right to
dispose of himself? A sick person may feel that his or her
suffering is too intense or will become so. Can he not then
ask for it to be terminated?
|
Nous aimerions aussi formuler quelques réflexions à propos de ce cas,
celui de la demande personnelle d'euthanasie. Mais auparavant nous
voudrions nous interroger sur la portée de pareile demande.
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We would also like to offer some reflections on this case, the
personal demand for euthanasia. But first we would like to
ask ourselves about the scope of such a request.
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Médecins, personnel paramedical et psychologues, tous nous mettent en
garde contre la tentation de prendre les malades au mot. La plupart
connaissent en effet, au cours de leur malade, un phase dépressive. A ce
moment, il leur arrie d'appeler la mort de leurs voeux. Souvent cet
appel doit être interprété comme une protestation contre la douleur,
l'angoisse, la solitude; peut-être comme un protestation contre la
qualité de vie à l'hôpital ou contre le sentiment de rejet de la part de
parents et amis. Parfois aussi, la demande de pouvoir mourir ne traduit
que la crainte que les medecins ne veuillent à tout prix le maintenir en
vie.
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Physicians, paramedical personnel and psychologists all warn us
against the temptation to take the patients to their word.
Most of patients experience, during the course of sickness, a depressive
phase. At this moment, they express their wish for death.
Often this call must be interpreted as a protest against pain,
anguish, loneliness; perhaps as a protest against the
quality of life in the hospital or against the feeling of rejection from
relatives and friends. Sometimes, too, the demand for the
power to die only reflects the fear that physicians will at all costs
want to keep him alive.
|
(p. 10) N'oublions d'ailleurs pas que la demande d'euthanasie peut être
encouragée par l'entourage. La psychologie nous apprend qu'une personne
peut projeter sur une autre son propre désir, en l'occurrence celui de
mettre fin à une situation lourde à assumer et pour le patient et pour
ceux qui l'entourent. Bien des fois, le patient ne répète plus sa
demande, des que lui est procuree l'indispensable assistance médicale,
sociale et spirituelle.
|
(p. 10) Let us not forget that the demand for euthanasia can be
encouraged by those around. Psychology teaches us that a
person can project on his own desire to put an end to a difficult
situation for the patient and for those around him. Many
times, the patient does not repeat his request, which procured
indispensable medical, social and spiritual assistance.
|
Que dire alors du "testament de vie" où son auteur exprime le souhait
de mourir en cas de situation extrême? Pareil document offre-t-il
suffisamment de garanties que le souhait sera toujours valable au moment
critique? Qui peut prédire si la volonté de rester en vie en sera pas
plus forte, précisément en phase terminale?
|
What then is to be said of the "living will" in which the
author expresses the wish to die in extreme situations?
Does this document offer sufficient guarantees that the wish will always
be valid at the critical moment? Who can predict if the
will to stay alive will not be stronger, precisely in the terminal
phase?
|
Et nous n'avons pas encore fait allusion à la situation precaire des
médecins. A supposer qu'une loi intervienne en matière d'euthanasie, des
tiers seront-ils obligés de participer à cet acte? Un médecin
pourrat-t-il être tenu de pratiquer l'euthanasie? Ceci mous paraît à
exclure de toute façon. Cela signifierait une grave déviation par
rapport à nos traditions éthiques et juridiques. Celui qui est en danger
de mort, nous avons à l'aider, non à précipiter son trépas.
|
And we have not yet alluded to the precarious situation of
doctors. Assuming that a law is made to allow euthanasia,
will third parties be obliged to participate in this act?
Will a doctor be required to practice euthanasia? This
seems to be excluded anyway. It would mean a serious deviation
from our ethical and legal traditions. He who is in danger
of death, we have to help him, not to precipitate his death
|
9. Le droit de disposer de soi-même a des limites
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9. The right to self-determination has limits
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(p. 10-11) Que faire si quequ'un souhaite vraiment mourir? Dans ce
cas, sommes-nous tenus de respecter sa volonté? Nous pensons que non sur
base du raisonnement suivant.
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(p. 10-11) What if someone wants to die? In that
case, are we bound to respect his will? We think not on the
basis of the following reasoning.
|
L'être humain dispose-t-il vraiment de lui de façon pléniere? Le
droit supposé de disposer de soi est basé sur une idée abstraite de
l'homme, l'idée d'un être isolé, qui, en cette qualité, peut prendre
toutes décisions. Or l'homme est toujours en relation avec d'autres
hommes. Le malade est toujours un père ou une mère, un fils ou une
fille, un neveu, une cousine, une amie, un voisin. Le malade est
toujours quelqu'un-pour-autrui. Et précisément ces relations inviolables
lui octroient une valeur inaliénable. L'autnomie de la personne humaine
n'est donc pas illimitée: ses frontieres sont constituées par ces liens
réciproques.
|
Does the human being truly have an unlimited capacity to
dispose of himself? The supposed right to dispose of
oneself is based on an abstract idea of man, the idea of an isolated
being, who in this capacity can make all decisions. Man is
always in contact with other men. The patient is always a
father or a mother, a son or a daughter, a nephew, a cousin, a friend, a
neighbor. The patient is always someone-for-others.
And precisely these inviolable relations give him an inalienable
value. The autonomy of the human person is therefore not
unlimited: its boundaries are constituted by these reciprocal links.
|
L'être humain reçoit sa vie comme un don. Il ist invité à la
respecter et à l'epanouir comme un bien précieux, depuis son premier
éveil dans le sein maternel jusqu'à son terme normal. Tel est le
fondement de la dignité humaine. Notre conscience et al conscience
commune de l'humanité sont concernées par la solicitude don't il faut
entourer les personnes gravement malades. Nous avons à les accompagner
avec respect jusqu'au terme de leur vie. L'euthanasie ne peut-être ni
permise ne consacrée par une loi.
|
The human being receives his life as a gift. He is
invited to respect and fulfill it as a precious good, from his first
awakening in the mother's womb to its normal end. This is
the foundation of human dignity. Our conscience and the
common conscience of humanity are concerned with the solicitude of
which we must surround the seriously ill. We have to
accompany them with respect until the end of their lives.
Euthanasia cannot be permitted or sanctioned by a law.
|
Il est d'ailleurs stupéfiant de constater quels efforts la société
consent pour prévenir le suicide et même pour garder en vie ceux qui ont
échoué dans leur tentative de mettre fin à leurs jours, alors que dans
le même temps on veut défendre le principe d l'euthanasie. Pourtant dans
le cas du suicide, on est beaucoup plus assuré quant aux intentions de
l'intéressé.
|
It is astounding to see what efforts society is making to
prevent suicide and even to keep alive those who have failed in their
attempt to end their lives, while at the same time they want to defend
the principle of euthanasia. Yet in the case
of suicide, one is much more assured as to the intentions of the person
concerned.
|
10. La mort, un point culminant de la vie
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10. Death, a culmination of life
|
(p. 11-12) Dans une existence, le temps de la mort peut être un point culminant,
un accomplissement suprême. Bien des gens disent, il est vrai, qu'ils
préféreraient mourir de façon soudaine et imprévue. Ils ne souhaitent
pas vivre cette heure importante en toute conscience. Probablement
redoutent-ils les grands désagréments qui peuvent y être liés. Nouse
voulons néanmoins attirer l'attention sur le caractere de plénitude que
revêt parfois l'adieu conscient et paisable aux choses et aux personnes.
Chaque fois que nous en sommes témoins, nous disons que ce fut une belle
mort. C'est le moment où l'être humain met la dernière touche, très
personnelle, à son existence, et couronne pour ainsi dire l'oeuvre de sa
vie.
|
(p. 11-12) In one's existence, the time of death can be a
culminating point, a supreme achievement. Many people say,
it is true, that they would rather die suddenly and unexpectedly.
They do not wish to live this important hour in all consciousness.
Probably they fear the great inconveniences which may be connected
with it. Nevertheless, we wish to draw attention to the
character of plenitude sometimes assumed by the conscious and peaceable
farewell to things and to persons. Every time we see it, we
say it was a great death. It is the moment when the human
being puts the last, very personal touch to his existence, and crowns,
so to speak, the work of his life. |
(p. 12) Pas mal de gens disent aussi combien ils ont été impressionnés et
émus par ce qui s'est passe lors du départ serein de proches ou d'amis.
Ils y repensent comme à des instants privilegies dans leurs relations
avec le défunt. Et de fait ce sont souvent des moments intenses
d'échange, d'amitié, de don mutuel. Avons-nous le droit de rendre tout
cela impossible?
|
(p. 12) Quite a few people also say how impressed and moved
they were by the serene departure of relatives and friends.
They reflect on it as one of the privileged moments in their relations
with the deceased. And in fact these are often intense
moments of exchange, friendship, mutual giving. Do we have
the right to make all this impossible?
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11. Appel à ceux qui ont autorité en la matière
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11. Appeal to those with authority in the matter
|
(p. 12) Ce que nous avons dit s'adresse evidemment à tous. Mais nous attirons
specialement l'attention de ceux qui dirigent notre pays ou qui on en
charge des institutions de soins. Il doit être possible de créer des
conditions favorables grâce auxquelles les malades et leurs familles
opteront plus facilement pour la vie jusqu'à son terme naturel. Tout
effort en ce sens ne peut qu'avoir notre estime et nos encouragements.
|
(p. 12) What we have said is obviously addressed to all.
But we especially draw the attention of those who run our country or in
charge of care institutions. It must be possible to create
favorable conditions by which patients and their families will more
easily choose in favour of life until its natural end. Any
effort in this direction can only have our esteem and encouragement.
|
12. Dépouillier la mort de son caractere de fin absolute
|
12. Despoiling death of its character as an absolute
end
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(p. 12) A l'intention des chrétiens, nous ajoutons quelques réflexions. Dieu
nous a créés non pour la mort, mais pour la vie. La mort n'aboutit pas
inexorablement au néant. La mort n'est pas un anéantissement. Elle est
un passage vers la vie qui trouve son accomplissement dans l'eternité de
Dieu. Nous croyons à la résurrection des morts. Nous sommes convaincus
que tout de que nous avons vecu de bien et de beau ici-bas, sera assumé
dans la vie éternelle. Le bien transcendera ntore histoire terrestre. Il
ne disparaîtra pas, il ne sera pas anéanti. Cette conviction fait que
les chrétiens ont un devoir important quant à l'accompagnement des
mourants. Malgré les durs combats de l'heure derniere, ils veulent aider
les mourants à s'abandonner à la grace de Dieu, source d'un au-delà
plein d'espérance.
|
(p. 12) To Christians, we add some reflections.
God created us not for death, but for life. Death does not
lead inexorably to nothingness. Death is not an
annihilation. It is a passage to life which finds its
fulfillment in the eternity of God. We believe in the
resurrection of the dead. We are convinced that all that we
have lived in good and beautiful here below will be assumed in eternal
life. The good will transcend all terrestrial history.
It will not disappear, it will not be annihilated.
This conviction means that Christians have an important duty to
accompany the dying. In spite of the hard fights of the
past hour, they want to help the dying to surrender themselves to the
grace of God, the source of a hopeful beyond.
|
13. L'accompagnement religieux
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13. Religious accompaniment
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(p. 13) Nous voulons soulager, dissiper la douleur et la peine de ceux qui
souffrent. Cependant nous savons que jamais nous de pouvons éliminer
complètement la souffrance, et, vis-à-vis de celle grands malades, nous
nous sentons tellement impuissants. La souffrance s'accompagne souvent
de sentiments de désespoir et de révolte; et le malade à tendance à
s'isoler dans son propre univers. Nous devons accepter qu'il exprime
librement son désarroi, même s'il en vient à se rebeller contre son
entourage et contre Dieu. Gardons-nous d'en conclure qu'il refuse
désormais d'aimer son prochain ou qu'il veuille rompre avec le Seigneur.
|
(p. 13) We want to relieve, to dissipate the sorrow and
the pain of those who suffer. However we know that we can
never completely eliminate suffering, and, in the company of the
very sick, we feel so powerless. Suffering is often
accompanied by feelings of despair and revolt; and the
patient tends to isolate himself in his own universe. We
must accept that he freely expresses his dismay, even if he comes to
rebel against those around him and against God. Let us
beware of concluding that he now refuses to love his neighbor or that he
wants to break with the Lord.
|
Nous pouvons aider la la personne désespérée a surmonter ses
mouvements de révolte. Parfois, il nous est possible de faire allusion à
tous les beaux moments qu'elle a connus, à la bonté qu'elle a témoignée
à d'autres. Parfois, elle trouvera de la consolation dans la tenresse
tangible de ceux qui l'entourent. Ou encore, elle puisera force et
courage dans sa solidarité avec tous ceux et celles que souffrent comme
elle.
|
We can help the desperate person overcome his rebellious
inclinations. Sometimes it is possible for us to allude to
all the beautiful moments she has known, to the kindness she has shown
to others. Sometimes she will find consolation in the
tangible tenderness of those around her. Or, she will draw
strength and courage in her solidarity with all those who suffer like
her.
|
Il nous est bon enfin de fair réference à notre Seigneur Jésus. Jésus
a accepté sa passion et sa mort. Il n'a pas hai ses meurtriers, Il a
pardonné leur crime. Ses terribles tourments sur la croix lui arrachent
ce cri: "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as tu abandonné?" Même alors,
ses pensées vont à son Père et aux hommes. Il s'inquiète de sa mère, de
ses disciples, de ses compagnons de supplice, de ses accusateurs et de
ses borreaux. Il rend l'âme tourne vers Dieu qui L'a apparemment
abandonné: "Père, entre tes mains je remets mon esprit." Cette attitude
d'abnégation et d'ouvverture confère unde dignité humaine à une mort
inhumaine. Jésus reste un homme ouvert à Dieu a ses semblables.
|
Finally, it is good for us to make a reference to our Lord
Jesus. Jesus accepted his passion and death.
He did not hate his murderers, He forgave their crime. His
terrible torments on the cross tore from him the cry: "My God, my God,
why have you forsaken me?" Even then, his thoughts go to
his Father and to men. He is concerned for his mother, his
disciples, his companions in torture, his accusers, and his
executioners. He makes the soul turn to God who has
apparently abandoned him: "Father, into your hands I return my spirit."
This attitude of abnegation and openness confers the dignity of
humanity to an inhuman death. Jesus remains a man open to
God and his fellow men.
|
(p. 13-14) Beaucoup de prêtres et d'autres fidèles exercent un accompagnement
pastoral dans les hôpitaux et autres maisons de repos ou de soins, ainsi
qu'auprès de malades à domicile. Nous tenons à exprimer ici notre
admiration particulière pur leur action. Nous voulons souligner
l'importance de leur mission auprès des malades et des mourants. Ils
leur sont particulièrement proches et les préparent au dernier acte de
leur existence ici-bas. Ils leur découvrent la paix eternelle. Ils
prient avec eux et pur eux. Ils soutiennent leur foi.
|
(p. 13-14) Many priests and other faithful perform pastoral
care in hospitals and other nursing homes, as well as in the home.
We wish to express here our special admiration for their action.
We want to emphasize the importance of their mission to the sick
and the dying. They are particularly close to them and
prepare them for the last act of their existence here below.
They help them find eternal peace. They pray with
them and purify them. They support their faith.
|
(p. 14) Durant les dernièrs semaines de leur vie terrestre, bien des malades
connaissent une importante évolution spirituelle. C'est une réelle
grace pour eux grand, dans le sacrement du pardon, ils se réconcilient
avec Dieu, avec eux-mêmes, avec leur entourage et, finalement, avec
l'humanité entière. Le pardon est source de sérénité. Un autre moment
fort est celui de leur communion au Pain de la vie éternelle.
L'eucharistie est un événement d'espérance sur le chemin de l'audelà. le
sacrement des malades, restauré aujourd'hui dans sa pleine
signification, parle de la présence miséricordieuse de Dieu. Enfin, les
prières avec les mourants et pour eux peuvent être aussi source de
réconfort.
|
(p. 14) During the last weeks of their earthly life, many
patients experience an important spiritual evolution. It is
a really great grace for them, in the sacrament of forgiveness, they
reconcile themselves with God, with themselves, with those around them
and ultimately with all mankind. Forgiveness is a source of
serenity. Another moment is their communion in the Bread of
eternal life. The Eucharist is an event of hope on the way
to the hereafter. The sacrament of the sick, restored today
in its full meaning, speaks of the merciful presence of God.
Finally, prayers with the dying and for them can also be a source
of comfort.
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14. En conclusion
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14. In conclusion
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(p. 14) Dans la présente lettre, nous avons essayé d'attiere
l'attention sur le sens de la phase terminale de notre existence sur
terre. Nous appelons chacun non seulement à assister fraternellement
tous les malades gravement atteints, mais aussi à tout metre en oeuvre
pour que soit vécu dignement le terme de la vie humaine ici-bas. Nous
exhortons enfin chacun à méditer sur la manière don lui-même fera place
à la réalité de la mort dans sa propre existence.
|
(p. 14) In this letter we have tried to draw attention to the
meaning of the terminal phase of our existence on earth. We call
each of us not only to fraternally assist all seriously ill patients,
but also to do everything we can to ensure that the term of human life
on earth is lived with dignity. Finally, we exhort everyone to meditate
on how to integrate for themselves the reality of death in their own
existence.
|